(D'entrée, le Maître Deunov a lu le passage suivant de l'Evangile de Luc :)
« Je vous le dis à vous, mes amis : Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne sauraient rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter à la géhenne; oui, je vous le dis, Celui-là, craignez-le. Est-ce que cinq moineaux ne se vendent pas deux as ? Et pas un d'entre eux n'est en oubli devant Dieu ! Mais même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte; vous valez plus qu'une multitude de moineaux. » (Luc 12, 4-8)
Le malheur de l'homme contemporain vient de ce qu'il ne sait pas apprécier ce qui est petit. Tout le monde aspire aux grandes choses; tout le monde veut une grande maison, un gros salaire, beaucoup d'argent : personne ne se contente de quelques francs; on veut des millions. Vous pouvez entendre quelqu'un dire qu'il désire une voiture, un avion, un bateau. Je vous le demande : pouquoi l'enfant veut-il porter le pantalon de son père ? Il ne peut pas le mettre. Il a besoin de culottes d'enfant pour pouvoir jouir d'une pleine liberté de mouvement. Pourquoi fautil à la petite fille la robe de sa mère ? Même si elle la met, elle ne peut pas la porter. A la petite fille il faut une robe d'enfant et à la mère une robe d'adulte. Souvent, même les spiritualistes désirent mettre de grandes robes, de grands pantalons, de grands chapeaux. Ils disent de quelqu'un qu'il a une petite tête. Si sa tête est petite et qu'elle ne peut pas mettre à profit le capital qui lui a été donné, quel besoin a-t-il d'une tête plus grosse ? A une tête plus grosse est accordé un plus grand capital. La force est nécessaire à l'homme pour porter les fardeaux de la vie. Beaucoup de gens se noient parce que leur tête est pesante. S'ils étaient plus légers, même en tombant dans l'eau, ils flotteraient à la surface.
Lorsqu'ils se heurtent à des difficultés, souvent les gens disent : « Ah ! le bon vieux temps ! » - Comment donc était-il, ce bon vieux temps ? Quelle est la différence entre le bœuf et le veau ? Que préférez-vous manger : de la salaison de vieux bœuf ou de la viande de veau; de la viande de porc ou du cochon de lait ? Ce sont des comparaisons sur lesquelles il faut réfléchir. La plupart des gens sont superficiels, ils ne pensent pas beaucoup. Quelles théories ne développent-ils pas ? Ils débattent du problème de la création du monde, de la grosseur de la Terre : ils font des calculs sur tout. Un savant a même fait les calculs suivants : s'il est possible de déplacer la Terre d'un endroit à un autre, combien d'années faudrait-il pour le faire, combien de trains et combien de wagons ? Il a trouvé que pour déplacer la Terre, il faudrait trois cents milliards d'années, trente-quatre milliards de trains composés chacun de cinquante wagons, chaque wagon étant cent soixante mille fois plus grand que nos wagons actuels. Tout cela occuperait un espace égal à deux mille trillons de kilomètres; pour les parcourir, il faudrait cinq cents millions d'années, et cela à la vitesse de la lumière. Ce sont là des faits imaginaires. Peut-on transporter la Terre à un autre endroit ? Non. Mais alors pourquoi les savants font-ils de tels calculs ? Si l'on voulait rassembler la matière terrestre atome par atome, molécule par molécule, il faudrait des milliers de trillons d'années. Il n'est pas aisé, par conséquent, de déplacer la Terre.
Quelle est la raison d'être de l'être humain qui vit sur la Terre ? L'homme a une tête pour penser, un cœur pour sentir et maintenir la chaleur dans tout l'organisme, un estomac pour recevoir la nourriture et la transformer en vue d'entretenir le corps. L'homme doit manger trois fois par jour, produire du sang, inspirer et expirer de dix à quinze fois par minute. Et son cerveau doit être constamment à l'œuvre. A quoi donc le cerveau humain est-il destiné ? Certain disent : « Toute ma vie j'ai réfléchi, mais je n'y ai rien gagné. » C'est là une incompréhension de la vie. C'est comme si l'on disait que la nourriture ne nous apportait rien. On a mangé les meilleures nourritures et on prétend qu'on n'en a rien retiré. Par sa pensée, l'homme rassemble trois sortes d'énergies à partir desquelles il construit le corps spirituel qu'il emporte avec lui dans l'autre monde. Le corps spirituel de l'homme est éternel.
Certains demandent encore : « Pourquoi faut-il que je pense ?
- Pour ne pas être l'esclave des contingences.
- Pourquoi faut-il que je sois bon ?
- Pour ne pas être l'esclave des contingences
- Pourquoi faut-il que je fasse un travail sur mon âme?
- Pour ne pas être l'esclave des contingences. »
Un grand nombre de gens se demandent si Dieu les aime ou non. Là n'est pas l'important. Ce qui importe, c'est que vous aimiez Dieu. Le salut de l'homme réside dans son amour pour Dieu, et non pas dans l'amour de Dieu pour lui. Si la mère aime son enfant et que lui ne l'aime pas, elle fera une fausse couche. Quand la mère fait une fausse couche, cela montre que l'enfant ne l'aime pas. Si l'enfant aime sa mère, elle ne fera jamais de fausse couche. Mais le problème de la la fausse couche n'est pas mon propos. La mère doit amener son enfant à l'aimer.
Une Bulgare de Varna m'a un jour raconté une expérience qu'elle avait eue avec sa fillette, élève à l'école primaire. C'était il y a une quarantaine d'années. La fillette s'appelait Jurdanka. Elle obéissait à sa mère mais elle était assez capricieuse. Un jour, sa mère obligea Jurdanka à réciter le Notre Père.
- Je ne le réciterai pas ! dit Jurdanka.
- Récite ta prière, insista la mère.
- Non, dit l'enfant !
-Je vais te punir; je vais te mettre dehors. -Je ne le réciterai pas !
Rien n'y fit, ni la gentillesse, ni les menaces. La mère perdit patience; elle attrapa Jurdanka, la fit sauter en l'air et retomber à terre, puis elle lui dit : « On ne tirera rien de bon de toi ! »
Jurdanka reprit ses esprits et s'écria : « Maman, pardonne-moi, je vais lire le Notre-Père » Elle venait juste de comprendre ce que sa mère exigeait d'elle. Pourquoi ne voulait-elle pas satisfaire le désir de sa mère ? Elle ne comprenait pas ce qu'on exigeait d'elle, elle n'en comprenait pas l'idée.
La même loi vaut pour nous aussi. Lorsque nous ne voulons pas exécuter un travail, c'est parce que nous ne le comprenons pas. L'homme fait beaucoup de choses sans les comprendre. Certains pensent qu'ils sont des gens religieux sans comprendre ce que cela veut dire et ce que cela exige d'eux. Le mot " spirituel " nous est plus familier, il est plus ancien que le mot " religieux ".
Souvent, on entend dire : « Combien étions-nous différents dans le temps ! » C'est ce que disent les laïcs aussi bien que les religieux. Dans le temps, vous étiez tous jeunes, beaux, des petits enfants aux visages joyeux et souriants. Où sont passés votre jeunesse et votre joie ? La mère est heureuse de voir son enfant et dit « mon petit enfant ». Où donc est passé ce petit enfant ? Où est passé le joli petit ange obéissant et prometteur ?
L'enfant se perd dans l'homme. Dès son enfance, l'enfant entend : « Tu vas grandir, tu vas devenir comme ton père et ton grand-père », et il vieillit prématurément.
II se dit que s'il devient comme son père et comme son grand-père, il pourra tout atteindre et que tout s'arrangera. Mais lorsqu'il sera comme son grand-père, ses jambes deviendront faibles, son estomac ne travaillera plus, seul son cerveau continuera à penser et philosopher. Il restera assis pendant des heures au même endroit et il se dira : « Qu'ai-je accompli en ce monde ? Qu'ai-je acquis ? » Et lorsqu'il sera convaincu qu'il n'a rien acquis, il commencera à penser à l'autre monde. En fait, le grand-père pense à l'autre monde mais il ne le comprend pas, il ne sait rien à son sujet.
Le jeune homme et l'adulte pensent, entreprennent, travaillent, tandis que le vieillard est dans l'obscurité. A quoi vous sert le grand-père puisqu'il vit dans l'obscurité ? Il véhicule dans son esprit de vieilles idées. Peut-il être votre idéal ? Une vieille idée est une cruche vide dépourvue de tout contenu. Si on peut la remplir, on a acquis quelque chose. Si on ne peut pas la remplir, on n'a rien acquis. Si l'on ne parle que de son passé, cela veut dire qu'on parle de la cruche vide. Ah ! le bon vieux temps !
Qu'est-ce que c'était, le bon vieux temps ? Une cruche vide. Si on l'a remplie, on a profité de la vie; si on ne l'a pas remplie, on n'a rien compris à la vie. Tout le monde parle du passé, du bon vieux temps. Ce qui est important, c'est le présent et non le passé. Si le passé n'a rien donné d'important, il n'y a aucun sens à en parler. Dieu a créé le monde pour les hommes et non pour les moutons. Il crée constamment de nouveaux univers. Cette idée est exprimée chez les Anglais par ces mots : Eternalgénération, ce qui veut dire " création perpétuelle ", " rajeunissement perpétuel ", " renaissance perpétuelle ". C'est dans ces mots que se cache le sens de la vie. L'homme doit veiller perpétuellement, constamment, à son rajeunissement. Cela sous-entend un intérêt continuel pour ce qui est nouveau.
Certains disent : « La nouvelle musique ne m'intéresse pas; le nouvel art ne m'intéresse pas. » D'autres encore affirment : « Ça ne m'intéresse pas de boire et de manger. » Qu'est-ce qui vous intéresse, alors ? Puisque rien de nouveau ne vous intéresse, vous vous condamnez vous-même à la mort.
Pourquoi les hommes meurent-ils ? C'est là un grand mystère. Un poète a dit que les homme meurent parce qu'ils tombent amoureux de l'autre monde et qu'ils préfèrent vivre là-bas plutôt que sur la Terre. En fait, est-ce vrai ? C'est aussi vrai que l'affirmation de la jeune fille soutenant qu'elle ne veut pas se marier. Un ou deux ans plus tard, elle se marie. Lorsqu'ils se lassent de la vie sur la Terre, les hommes veulent mourir, aller dans l'autre monde pour être heureux. Ils croient que là-bas aussi on trouve le bien-être, mais tout le monde n'est pas prêt à en jouir.
Une dame que je connais racontait un de ses rêves. Elle avait rêvé que son mari défunt lui apparaissait et qu'ils entraient en conversation. Elle lui demanda ce qu'il y avait dans l'autre monde, comment on y vivait. Il lui répondit : « Lorsque tu viendras, tu verras par toi-même. En ce moment, j'ai besoin d'une couverture. Lorsque tu partiras pour l'autre monde, apporte-moi une couverture épaisse. » Pendant qu'ils parlaient, une femme jeune et belle apparut et elle prit par la main le bien-aimé de cette dame et l'entraîna avec elle. Cette dame dit :
« - Laisse mon mari, c'est le mien...
- Maintenant, c'est le mien, répondit la jeune femme. Ce qui était en vigueur sur la Terre ne l'est plus dans le monde dans lequel nous vivons maintenant. »
Les liens terrestres ne sont plus des liens dans l'autre monde. Là-bas, les relations entre les âmes sont différentes. Quand on arrive dans l'autre monde, il est difficile de retrouver les gens auxquels on a été lié. Remerciez le Ciel de ce que le mariage, qui lie les gens sur la Terre, n'existe pas dans l'autre monde. Autrement, la condition humaine serait terrible.
Savez-vous ce que veut dire le mot " mariage " au sens large du terme ? Du point de vue spirituel, il sous-entend un lien entre deux âmes. Les âmes se lient l'une à l'autre au nom de l'Amour. Seul ce lien est éternel et indestructible. C'est cela le véritable mariage. La manière dont les gens se lient entre eux maintenant ne représente en rien une alliance. C'est un lien passager, de l'ordre de l'humain, qui se rompt aussi facilement qu'il a été noué. Le lien entre les âmes-sœurs est éternel. Elles sont sorties de Dieu dans l'Amour et elles reviennent à Lui dans l'Amour. Comment vit-on dans l'autre monde ? Bien, mais personne ne peut y aller tant qu'il n'a pas terminé l'école de la vie. En revenant dans le monde invisible, l'homme verra lui-même ce qu'il a appris. La connaissance qu'il acquiert sur la Terre vaut aussi pour l'autre monde. Certains pensent qu'en allant dans l'autre monde, ils acquerront une plus grande connaissance que celle qu'ils ont reçue sur la Terre.
Si on n'a rien appris sur la Terre, on ne pourra rien apprendre là-bas non plus. Si l'on n'a pas été doué sur la Terre, dans l'autre monde on ne sera pas doué non plus. Si on a été recalé sur la Terre, dans l'autre monde aussi on sera renvoyé.
Le maître aime l'élève qui apprend. S'il n'apprend pas, aussi bon soit-il, son maître ne l'aime pas. Ce qui recommande l'élève aussi bien sur Terre que dans l'autre monde, c'est son désir de s'instruire. On reconnaît le bon chanteur à son désir de chanter. Est-il besoin de lui dire auprès de qui il doit apprendre et combien de fois par jour il doit chanter ? Le bon chanteur règle le temps par son chant; le mauvais chanteur, lui, le dérègle. Lorsque j'écoute l'un et l'autre, j'inscris leur nom dans un livre particulier. En cas de sécheresse, le mauvais chanteur, par son chant, fait venir la pluie. Vaut-il mieux que la pluie tombe ou que le soleil brille ? Vaut-il mieux chanter et guérir des malades, ressusciter des morts ou bien voir les personnes saines tomber malades et les vivants mourir ? Sur la Terre, il vaut mieux chanter et voir les gens revivre plutôt que chanter et les voir mourir.
La même loi peut être appliquée à la pensée. Il est préférable de concevoir une pensée qui porte la vie plutôt qu'une pensée qui porte le découragement et les ténèbres. Une pensée, un sentiment et une action qui découragent l'homme ne sont pas normaux. Toute pensée qui élargit le champ de la conscience et apporte la lumière est juste. Tout sentiment qui élargit le champ de la conscience est juste. Toute action qui élargit le champ de la conscience est juste. Toute chose nécessite une juste mesure. Les hommes d'aujourd'hui doivent effectuer un travail conscient sur eux-mêmes pour réorganiser leur tête. S'ils n'introduisent pas du nouveau dans leurs pensées et dans leurs sentiments, la culture à venir ressemblera à la culture actuelle. L'ancien doit céder le pas au nouveau. Ce n'est pas seulement la conscience des hommes qu'il faut changer mais aussi la matière dont leur corps est fait. L'homme a besoin d'une nouvelle conscience, d'un nouveau corps. L'homme primitif était semblable à l'animal, couvert de poils. Dieu a étendu la main sur lui, ses poils sont tombés et il est devenu homme. Et Dieu a donné au premier homme le nom d'Adam. On dit de lui qu'il a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Il est dit dans les Ecritures que Dieu s'est repenti d'avoir créé l'homme. Pourquoi s'en est-il repenti ? Il y avait en l'homme quelque chose d'animal. Celui qui ne pense pas, qui ne sent pas et qui n'agit pas avec droiture n'est pas un homme véritable.
Qu'exige-t-on des hommes d'aujourd'hui ? Qu'ils laissent la voie libre au Principe Divin en eux-mêmes.
On dit de quelqu'un que c'est un homme véritable. Quel homme est-il si c'est le côté animal qui se manifeste en lui ? Il a une apparence humaine mais il se comporte comme un tigre, comme un loup, comme une araignée ou comme tel autre animal. Certains s'irritent ou sont mécontents contre quelqu'un et disent alors qu'ils ont envie de l'étrangler, ou de boire son sang ! Boire le sang de quelqu'un, c'est ce que fait l'ours mangeur d'hommes, mais pas l'homme. C'est ainsi qu'agissent le tigre, et l'araignée.
Posez le Divin comme fondement de votre vie. Posez l'amour comme fondement de votre vie. A l'heure actuelle, tous parlent d'amour : le père, la mère, les enfants, mais tous se querellent sans cesse. L'amour exclut le malentendu et la querelle.
- M'est-il possible de ne pas me mettre en colère ?
- Tu te mettras en colère mais tu utiliseras l'énergie de la colère pour faire cuire tes aliments; tu cuisineras sur le feu de la colère. Dès que tu auras fini de préparer ton repas, tu fermeras le robinet pour ne pas gaspiller l'énergie. Même la colère est parfois justifiée, mais il est raisonnable d'utiliser son énergie. La mauvaise pensée, le mauvais sentiment, la mauvaise action trouvent eux aussi leur place mais seulement sur la Terre, comme engrais. Foulez-les aux pieds pour qu'ils ne remontent pas à la surface et ne gâchent pas votre vie. Fouler aux pieds le mal, cela signifie le contrôler.
Donc, laissez la voie libre au Divin en vous-mêmes et vous serez beaux. C'est seulement ainsi que les gens vous aimeront. Pourquoi aime-t-on quelqu'un ? Parce qu'il est beau, parce qu'il est intelligent, parce qu'il est bon, parce qu'il est fort, parce qu'il a du talent. En tout être humain, il y a quelque chose qui peut nous le faire aimer.
On aime quelqu'un parce que de loin son corps sent bon. Quelle odeur émane du corps des gens d'aujourd'hui ? Ils s'aspergent d'essence de rosé ou de violette, mais cela c'est le parfum de la rosé, de la violette, il n'émane pas de la personne. De quelle personne peut-il émaner, un parfum ? De celle qui a une pensée juste. Son esprit répand de la lumière. Et de la lumière émane un parfum agréable. Celui qui perçoit ce parfum se croit au Paradis. Ce parfum balaie toute mauvaise disposition chez l'être humain. De l'homme doit émaner le parfum de la lumière; de la femme, celui de la chaleur, celui de la flamme divine. Il est agréable de sentir le parfum qui émane du cœur chaleureux, le parfum de la flamme divine. L'ange, lui aussi, s'intéresse à ce parfum. Lui aussi, il veut venir et être présent pour sentir ce parfum et s'y plonger.
Intéressez-vous à ce qui est beau dans la vie car cela porte en soi un trésor. Un religieux veut savoir s'il peut voir le Christ ou un saint. Il peut le voir s'il porte un trésor en lui-même. Quel élève fait plaisir au maître ? Le bon élève, celui qui est doué. Il apporte quelque chose à son maître. Par conséquent, quand vous dites que vous allez partir pour l'autre monde, auprès du Christ et des saints, il faut d'abord que vous vous demandiez ce que vous allez emporter avec vous. Cela ne veut pas dire qu'en allant dans l'autre monde, il faille emporter le monde humain là-bas. D'ores et déjà vous êtes dans l'autre monde, mais lui n'est pas en vous. Tous les hommes vivent dans le monde divin mais ils n'ont pas accueilli le monde divin en eux. Dès que vous savez cela, ne recherchez pas le monde divin à l'extérieur de vous-même, mais ouvrez-vous à lui. Ouvrez-vous au monde divin pour comprendre ce que signifie le Paradis. Chacun a vécu dans le Paradis mais a oublié cette époque, et il continue de nos jours encore à le rechercher. L'homme croit qu'après la mort il ira au Paradis, dans l'autre monde; mais il se fait des illusions. Même après sa mort, il sera de nouveau sur la Terre. Le Paradis comme l'enfer sont sur la Terre.
On raconte l'histoire d'un lord anglais qui partit avec son domestique en excursion dans les Alpes suisses. Le domestique portait un grand sac rempli de provisions pour le voyage. Le lord, qui était un grand mangeur de viande, avait constitué un approvisionnement suffisant : un poulet rôti, du saucisson, une bouteille de vin. Il voulait aller sur les pentes du mont Blanc pour y pique-niquer tout en profitant de l'air pur. Mais il avait présumé de ses forces et, lors de la montée, il perdit connaissance, et s'effondra. Le domestique tenta de l'aider à reprendre connaissance mais en vain. Au bout d'un certain temps, comme son maître n'était toujours pas revenu à lui, il en vint à penser qu'il était peut-être mort et se dit : « Maintenant au moins, j'ai toute liberté de manger un poulet rôti et de boire ce petit vin frais. » II mangea à satiété, but bien et commença à se sentir tout guilleret. Mais en constatant que son maître était toujours privé de connaissance, il se mit à le frictionner, à le tourner et à le retourner jusqu'à ce que, fin de compte, il parvienne à le faire revenir à lui. A peine son maître eut-il ouvert les yeux qu'il se mit à crier : « Qui t'a donné la permission de manger le poulet et de boire le vin ? » Le serviteur fut si effrayé par les paroles de son maître qu'il tomba mort de saisissement.
Je dis : quiconque mange sans autorisation meurt. Manger sans autorisation, cela veut dire manger le poulet et boire le vin pendant que son maître gît inconscient.
Dans le chapitre de l'Evangile que j'ai lu au début, on voit ce que Dieu pense de nous, on voit tout ce qu'il a prévu. Il est écrit que les cheveux sur notre tête sont comptés. Si Dieu prend soin des êtres infimes, de quel plus grand soin, a fortiori, n'entoure-t-Il pas l'homme ? Comment devons-nous nous acquitter envers Lui ? Par notre désir d'apprendre ce qui nous est enseigné. Si l'on n'apprend pas ce que le professeur nous enseigne, on ne peut pas être aimé. Si l'on ne résout pas correctement les problèmes, le maître ne peut pas nous aimer. Si l'on n'apprend pas bien sa leçon de musique, le maître ne peut pas nous aimer non plus. Mais alors, pour quelle raison Dieu va-t-Il nous aimer ? L'amour peut être augmenté ou diminué. Dieu nous a aimé le premier. Comment allons-nous conserver et augmenter Son Amour ? Si nous n'étudions pas les lois qui gouvernent notre intelligence, notre cœur, notre âme et notre esprit, comment allons-nous connaître le monde divin ? Vous direz que vous voulez voir les anges. Cela ne suffit pas. Il vous faut pouvoir parler avec eux et non que vous vous contentiez de les voir. Vous pouvez aller en Angleterre, en France, en Allemagne ou en Russie, mais ce n'est pas suffisant; il vous faut connaître la langue des autochtones. Cela vaut-il la peine de rencontrer un savant sans pouvoir converser avec lui ? Cela vaut-il la peine de rencontrer Jésus si on ne sait pas quoi Lui dire ? Savez-vous ce qu'a dit le Christ il y a deux mille ans ? Avez-vous appliqué son enseignement ? Observez ce que fait la jeune fille quand un jeune homme lui plaît. Elle tente d'abord de savoir où il habite, qui est sa mère, qui est son père et de quelle famille ils sont; quelle est leur situation sociale. Elle apprend quelle est l'histoire de sa famille et de ses ancêtres; et à ce moment-là elle lui donne son cœur. Mais vous, que savez-vous du Christ ? Vous ne connaissez même pas le petit Evangile qu'il a laissé.
Certains disent que lorsqu'ils s'en iront dans l'autre monde, tout se dévoilera à eux. Bienheureux croyants ! Je ne veux pas vous décourager ni vous ôter votre foi. Croyez en ce que vous voulez. Parfois, même les illusions sont utiles. Ce que je ne désire pas, c'est que vous vous enthousiasmiez tout d'abord pour vous décourager ensuite. A l'heure qu'il est, vous êtes enthousiasmés plus qu'il ne faut, mais en fin de compte vous vous découragez.
On raconte l'histoire d'un prédicateur américain célèbre qui avait œuvré pendant vingt années au milieu de ses ouailles. Il avait grande réputation pour ses sermons éloquents et riches de contenu, mais il ne parvenait pas à convertir vraiment à Dieu un seul de ses auditeurs. Il se décourageait souvent dans le cours de son travail. Un soir il fît un sermon, mais il n'en fut pas satisfait; il lui semblait idiot, creux. Après avoir achevé son ministère, il se hâta de rentrer chez lui en espérant ne rencontrer personne et n'avoir à parler à quiconque. En chemin, il se dit que pour lui le mieux serait de renoncer à son travail et de recommencer autre chose. Le lendemain matin, en allant à l'office, il vit venir à sa rencontre une vieille femme qui l'arrêta et lui dit d'emblée: « Je vous remercie beaucoup pour le sermon d'hier. Que s'est-il passé, je n'en sais rien, mais mon cœur s'est ouvert et j'ai désormais décidé de servir Dieu. » Le pasteur se dit : « C'est curieux, j'ai fait tant de beaux sermons sans pouvoir convertir à Dieu une seule personne; et voilà que maintenant, alors que j'ai fait un sermon idiot, il m'a permis d'ouvrir un cœur humain ! »
Je dis : un sermon moins éloquent qui parvient à tourner vers Dieu une âme vaut mieux que des sermons éloquents qui ne peuvent conduire une seule âme vers Dieu. Qu'est-ce donc qu'un sermon qui n'éveille en l'homme que le désir de manger et de boire ? Vous écoutez un beau sermon et ensuite vous allez à un banquet avec des amis pour bien boire et bien manger.
Vous demandez quelle nourriture est la meilleure : une nourriture à base de viande ou une nourriture végétarienne ? Personnellement, je ne recommande pas la nourriture à base de viande et cela pour une seule raison : c'est qu'elle ne contient pas assez de lumière et de chaleur. La nourriture à base de légumes et de fruits contient plus de lumière et de chaleur. Quand on mange de la viande c'est agréable dans un premier temps, mais ensuite les conséquences se font sentir. Les légumes ne paraissent tout d'abord pas très agréables, mais ensuite ils ont une bonne influence. Selon certains savants, les animaux carnassiers sont plus intelligents que les herbivores. Selon d'autres, les animaux herbivores et frugivores sont plus intelligents et meilleurs que les carnassiers. Tenez, prenez l'éléphant : il ne mange pas de viande, or y a-t-il animal plus intelligent que lui ? Le lion, le tigre, le serpent ne peuvent être comparés, du point de vue de l'intelligence, à l'éléphant.
Le Nouvel Enseignement exige des gens intelligents, bons et forts. Il véhicule des idées qui rajeunissent et renouvellent l'homme. Chacun doit avoir le désir de rajeunir. Même la vieille grand-mère doit avoir le désir d'apprendre. L'homme aurait-il cent vingt ans qu'il lui faudrait néanmoins avoir le désir de travailler et d'apprendre. Pourquoi une grand-mère de cent vingt ans ne prendrait-elle pas le pinceau pour peindre ? Pourquoi n'aurait-elle pas le désir de bien s'habiller ? Vous me direz que porter une toilette neuve, immaculée, c'est bon pour les jeunes.
Ce n'est pas vrai. Le Nouvel Enseignement ne fait pas de différence entre les vieux et les jeunes.
Quelqu'un dit ces mots souvent entendus : « Nos jeunes années s'en sont allées. » Croire qu'on est vieux, c'est vivre dans l'erreur. Ce n'est que dans le péché qu'il y a des vieux. Quiconque commet un péché ou un crime vieillit avant l'heure. Le Nouvel Enseignement ne s'intéresse pas à la vieillesse due au péché. La vieillesse de l'Amour sous-entend le rajeunissement. La vieillesse du péché sous entend la mort. Il est dit : « Ma mère m'a conçu dans le péché. » Celui qui a été conçu dans l'amour est voué au rajeunissement perpétuel. Le Nouvel Enseignement, c'est-à-dire l'enseignement du Christ, dit : « Ceux qui entendent ma voix rajeuniront. » Quiconque ne parvient pas à rajeunir n'appartient pas au Nouvel Enseignement. Si quelqu'un dit qu'il a vieilli, cela prouve qu'il a vécu selon ses vieilles habitudes. « Mes jambes ne peuvent plus me soutenir. » Pourquoi vos jambes ne vous soutiennent-elles plus ? C'est que vous vous êtes imaginé qu'elles ne vous soutenaient plus. C'est une illusion. Vous rencontrez quelqu'un et encore un autre et à chacun vous dites que vous avez vieilli. Il suffit de répéter et de croire plusieurs fois par jour que vous avez vieilli pour que vos jambes soient comme ligotées.
On raconte qu'un grand-père faisait une sieste sous un poirier. Son petit-fils prit une pelote de ficelle et commença à tourner autour de l'arbre avec la ficelle pour attacher le grand-père à ce dernier. Le grand-père ouvrit un œil, regarda ce que faisait l'enfant, puis il sourit et continua son somme. L'enfant continua son jeu. Il fit plusieurs fois le tour de l'arbre et du grand-père avec la ficelle jusqu'à ce qu'il ait formé un lien serré. Et ainsi le grand-père fut attaché au poirier. A la fin le grand-père voulut se lever et ne le put pas, il était solidement attaché. Voyant cela il dit à son petit-fils : « Allez, maintenant mon p'tit gars, tourne dans l'autre sens et je te donnerai une noix. » L'enfant se mit à tourner en sens inverse et il libéra son grand-père. Il n'est pas facile de se libérer des liens que vous avez créés vous-mêmes ni de ceux qui sont faits par d'autres.
Je vous le dis : n'accueillez pas de pensées négatives dans votre esprit. Si quelqu'un vous dit que vous n'êtes pas bon, réfléchissez et dites-vous : « Dieu m'a fait bon; mais est-ce que je manifeste le bien, ça c'est une autre question. »
- Tu es un sot !
- Dieu m'a fait intelligent !
A chaque pensée négative, opposez une pensée positive. Si un journal publie quelque chose de négatif à votre égard, ne vous en préoccupez pas.1
Faut-il se taire devant le négatif? Il n'est pas question de se taire mais de se dire intérieurement la vérité et de s'y tenir. Dites-vous : « Dieu m'a créé à son image et à sa ressemblance, II a placé en moi toutes les possibilités : je peux me montrer bon et raisonnable, apprendre et me développer. Si je suis cette voie, je vais devenir un ange. » Qu'est-ce que l'ange ? C'est un serviteur qui exécute la volonté de Dieu. Qu'est ce qu'un bon violoniste ? C'est celui qui respecte les règles de la musique et qui joue comme il l'a appris auprès d'un bon professeur. Peut-il être pauvre, celui qui a le don de Paganini ?2
On raconte qu'un jour Paganini passa dans une certaine rue devant un vieillard qui jouait du violon. Quiconque passait devant lui jetait une petite pièce de monnaie dans sa sébile. Paganini jeta un coup d'oeil sur le vieillard et son violon lui plut. Il le prit et se mit à jouer. Aussitôt une foule de gens se rassembla autour de Paganini pour écouter le grand violoniste. Chacun déposa quelque chose dans la sébile du vieillard. En quelques minutes, la sébile fut pleine d'argent. Puis Paganini rendit le violon au vieillard et le salua avant de s'éloigner. Alors le vieillard lui dit : « Mon fils, pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt pour que moi aussi j'apprenne à jouer comme toi ? Je te remercie d'avoir joué un peu pour moi. » Le violon du vieillard était beau, mais sa sébile restait vide. A quoi sert un beau violon si la sébile reste vide ?
Les gens religieux et les spiritualistes attendent la venue de l'Esprit pour se manifester. L'Esprit viendra mais vous devez apprendre. L'Esprit viendra, mais vous devez atteler votre intelligence, votre cœur et votre esprit au travail. Quand l'Esprit viendra, vous travaillerez et vous en tirerez du plaisir. Vous dites que l'homme doit s'occuper de choses importantes. L'homme doit parler de façon à n'offenser personne, dites-vous. C'est vrai qu'il ne faut pas vous offenser mutuellement, mais qu'entendez-vous pas le mot " offense " ? Le mot offense est composé des syllabes "of-fense ". Il cache en lui des conditions de développement. Si vous écrivez " ouffense " au lieu de " offense ", " ou " donne une idée de mouvement.3 Quelqu'un dit qu'on l'a offensé. Comment l'a-t-on offensé ? On lui a dit qu'il était arriéré. Si vraiment il est arriéré, il faut qu'il s'attèle au travail pour rattraper le temps perdu. Ne remettez rien à un futur lointain.
Certains prétendent que ce qu'ils n'ont pas atteint dans cette vie ils le réaliseront dans le futur, dans une autre vie, lorsqu'ils seront réincarnés. Pourquoi ne pas renaître dès aujourd'hui ? Tout désir de réaliser quelque chose de bien montre que vous êtes déjà nés de nouveau. Mettez-vous au travail. Si vous ne manifestez aucun désir de travailler, n'attendez pas de réincarnation.
Le Christ dit : « Si vous ne naissez pas d'eau et d'esprit, vous ne pouvez pas entrer dans le Royaume de Dieu. » Le Christ parle de la naissance comme d'un processus incessant. L'homme peut naître plusieurs fois par jour. Les gens s'imaginent que l'homme renaît seulement après sa mort. Qu'on renaisse quarante-cinq ou cinquante ans après sa mort, c'est un processus relevant de la statistique. Si on ne renaît pas au moins trois fois par jour, le matin, le midi et le soir, cela veut dire qu'on a vieilli prématurément. Le matin renaissez pour l'esprit, à midi pour le cœur, le soir pour l'âme. Le jour suivant, renaissez de nouveau. C'est cela, le rajeunissement perpétuel. La renaissance sous-entend l'incessant rajeunissement ou l'accroissement perpétuel de la lumière de l'esprit, la réanimation permanente de la flamme du cœur, l'élargissement permanent du champ d'action des forces qui agissent en nous.
Beaucoup d'entre nous subissent la suggestion négative de la pensée qui veut que c'en soit fini d'eux. Il ne faut pas penser cela. Commencez le processus inverse : ayez des pensées positives. Comment le comprendrez-vous, si un criminel vous dit que c'en est fini maintenant de ses agissements ? Cela veut dire que sa conscience s'est éveillée. Dès que la conscience du criminel s'éveille, il cesse de commettre des crimes. Après avoir dilapidé toute sa fortune, un alcoolique invétéré rencontra sur son chemin un prédicateur qui proposait des Evangiles. Il fouilla dans sa poche pour voir s'il lui restait de l'argent et n'y trouva que cinq francs. Il s'acheta donc avec cet argent un Evangile et commença à le lire. Son attention s'arrêta sur le verset suivant : « Celui qui ne renonce pas à son père, à sa mère, à sa vie, celui-là ne peut pas être mon disciple. » II se mit à réfléchir sur ce verset et se dit : « Pendant vingt ans j'ai été l'esclave d'un désir qui a détruit ma vie et qui a entraîné ma ruine. Ne puis-je donc y renoncer ? Combien de temps encore vais-je être un esclave ? Je vais prouver que je suis un homme, que j'ai de la volonté ! »
II alla dans une taverne et dit au patron : « Donne-moi un verre de vin et un verre d'eau. » II posa le verre de vin devant lui et se dit : « Ecoute, pendant vingt ans j'ai été ton esclave. J'accomplissais ce que tu m'ordonnais. Maintenant, c'est toi qui sera mon serviteur, moi je serai le maître. » II déplaça le verre de vin sur le côté et mit à sa place le verre d'eau en se disant : « Désormais, tu ne boiras que de l'eau, tu vas oublier le vin. » II déplaça ainsi les verres plusieurs fois, souleva le verre d'eau, porta le verre de vin à ses lèvres et de nouveau le posa de côté. Le tavernier regardait ce qu'il faisait avec étonnement. Enfin il appela le tavernier, paya pour le vin, le laissa sur la table et rentra chez lui content d'avoir fait preuve de volonté.
Je dis : de même faites ainsi, et mettez vous aussi, le verre vide devant vos défauts, remplissez-le de vin et dites-vous : « Désormais, vous allez m'écouter. Ce que je dirai se fera. J'ai été votre serviteur pendant vingt ans, maintenant c'est vous qui m'obéirez. » Cela fait déjà huit mille ans que les hommes sont au service de la haine. Le jour est venu pour nous de nous mettre au service de l'amour. Pendant les huit mille années à venir, il nous faut servir l'Amour. Il ne s'agit pas de nous amuser avec l'amour purement humain : laissez de côté cet amour. Que votre esprit porte un seul amour en lui : l'Amour divin avec lequel Dieu a créé le monde ainsi que tous les êtres humains. Je parle de l'Amour qui a créé le monde, l'univers, et qui maintenant réorganise toute chose. L'Amour est un, il embrasse tout en lui. Hors de l'amour, — mais peut-on alors encore parler d'amour ? — tout ne vient que comme moyen subsidiaire. Tout travaille pour l'Unique, le grand Amour divin. Je ne parle pas des moyens subsidiaires, je ne parle pas non plus des feuilles, je n'ai rien contre elles. Je dis simplement : une feuille ne fait pas l'arbre entier. Ce sont toutes les feuilles qui participent ensemble à la respiration de l'arbre.
Le Christ dit : « Je vous ai aimé comme Dieu m'a aimé. » Nous aussi, nous devons aimer comme Dieu nous a aimés, faire preuve d'amour au nom de Dieu. Vous boirez de l'eau et non du vin. Vous soulèverez la coupe de la haine et la poserez de côté; vous prendrez la coupe de l'Amour. Vous forcerez votre faiblesse, votre vice à boire de l'eau. Pendant huit mille ans, vous avez contraint l'Amour. Aujourd'hui, suivant la même loi, vous allez exercer une contrainte contre la haine. Jusqu'à présent vous avez contraint l'Amour, mais vous ne voulez pas contraindre la haine. Je ne vois pas de philosophie là-dedans. Vous avez escroqué les gens, vous les avez tués et maintenant vous avez honte de faire preuve de gentillesse envers un être humain, de le nourrir. Est-ce humiliant ? Escroquer les gens, les faire souffrir, vous estimez que c'est dans l'ordre des choses. Pourquoi avoir honte de traiter un homme avec gentillesse et bonté, honte de lui dire une parole affectueuse ? Ce sont deux extrêmes qui aboutissent à deux résultats différents.
Certains se demandent avec effroi ce qu'ils vont devenir s'ils suivent le droit chemin dans la vie. Qu'est-il advenu des gens qui depuis huit mille ans suivent le chemin de la haine ? Ce chemin a un résultat qui lui est propre : les nations les plus avancées se battent, plus de trente-quatre millions de gens se sont entre-tués. Cela n'est pas le résultat de l'enseignement chrétien mais de l'enseignement de la haine. Si nous empruntons la voie de l'Amour, voie de l'Enseignement Nouveau, des millions d'êtres géniaux apparaîtront qui recréeront le monde. Les parents feront preuve d'amour à l'égard de leurs enfants, les enfants témoigneront de l'amour à leurs parents et le monde se métamorphosera. Les hommes ne s'entre-tueront plus comme maintenant. Qu'adviendra-t-il de nous ? Si vous suivez le droit chemin, le monde se métamorphosera. Pour tous, pour le monde entier, cela doit être professé aujourd'hui. Chaque chose se fait en son temps. Aujourd'hui est venu le temps de l'amour. Le temps de la haine est désormais fini. Dans la caisse du cœur humain, il ne reste rien pour la haine. Un voleur, que peut-il voler dans la caisse d'une banque s'il n'y a rien ? La haine ne peut plus rien voler. Elle ne peut plus accomplir de crimes car il lui manque les matériaux pour le faire. La haine n'a pas la force nécessaire pour agir. Et quant au mal, il lui manquera les conditions pour apparaître.
L'homme mauvais ne sait plus où prendre. Il doit aller voir un homme bon pour lui emprunter. Le monde ne peut plus suivre l'ancien chemin. Par lui-même, l'azote n'est pas dangereux, mais sous la forme d'acide nitrique il devient dangereux. Extrayez l'azote de la nitroglycérine, le constituant principal de la dynamite, et vous obtiendrez une substance inoffensive. La nitroglycérine sans azote n'est que de la glycérine, substance dont on se sert pour rendre la peau douce.
Quelle est la cause du péché ? Une méconnaissance de l'acte sexuel, une grande cupidité et une avidité extrême à l'égard de la nourriture. Le péché mène à la mort. Il ressemble au microbe. Il suffit qu'un seul microbe du choléra entre dans le corps humain pour qu'il se développe en vingt-quatre heures au point de provoquer la mort. L'homme meurt des souillures du microbe. Les microbes de la haine font mourir l'homme. Qu'est-ce que la tuberculose ? Des bacilles qui s'attaquent aux poumons. Qu'est-ce que les rhumatismes ? Des microbes qui s'attaquent aux muscles. Qu'est-ce que la neurasthénie ? Elle est causée par des microbes qui s'attaquent au système nerveux. Le mal de tête ou de ventre provient de tels microbes qui détruisent l'organisme humain. Pourquoi le détruisent-ils ? Parce que les pensées, les sentiments et les actes des hommes ne sont pas purs. Cette impureté rend le sang impur lui aussi. Lorsque les pensées, les sentiments et les actions sont purs, alors on ne succombe à aucune maladie. C'est dans la pureté que se cache l'hygiène de la vie. Peut-on vivre dans la pureté ? Oui, on le peut; pour cela il faut de la volonté.
Deux sœurs, une jeune et une plus âgée, tombèrent malades. Elles me firent appeler pour que j'aille les voir et que je leur donne quelques conseils. Je dis à la plus jeune de se remuer un peu plus. Même si elle se traînait, il valait mieux qu'elle marche plutôt que rester couchée. Elle écouta mon conseil. Elle se leva, se mit à marcher et recouvra la santé. Je dis à la plus âgée d'aller chercher de l'eau avec deux petites cruches : elle devait bouger un peu chaque jour. Elle aussi suivit mon conseil et guérit. Je dis à la plus âgée que si elle voulait rajeunir, il fallait qu'elle porte de l'eau trois fois par jour. Elle se lierait ainsi avec l'eau qui lui dirait qu'elle allait guérir. Il est agréable d'écouter le murmure de la source; il y a de la musique dans les clapotis de l'eau.
Je dis : portez de l'eau si vous voulez rajeunir. Quand vous rencontrez quelqu'un qui porte de l'eau, donnez-lui une petite tape sur l'épaule et dites-lui : « Tu vas rajeunir. » C'est un privilège accordé à l'homme que de rajeunir. Vous me direz que l'homme peut aussi rajeunir lors de la réincarnation. C'est également possible mais il faut avoir passé quarante-cinq années dans le monde invisible pour trouver un père qui vous fera renaître. Tant que vous êtes encore dans votre corps, vous pouvez rajeunir de manière divine. On peut ainsi éviter la réincarnation, la recherche d'un père et d'une mère. Vous serez vous-même votre propre père et votre propre mère et vous rajeunirez.
Mettez votre espoir dans l'Amour pour rajeunir. Au momment où vous sortez du sommeil, dites-vous ceci : « Je vais rajeunir. » Vous direz : « Croire qu'on va rajeunir, c'est se faire des illusions. » Tout mouvement raisonnable est lié à la nature. En lui se cache la méthode du rajeunissement. La lumière apporte la jeunesse; le mouvement de l'air apporte la jeunesse; la croissance apporte la jeunesse : la pierre précieuse apporte la jeunesse. Tout dans la nature parle de la jeunesse. Dans la nature, peu de choses parlent de la vieillesse. Utilisez tout ce qui apporte la jeunesse. Il est nécessaire que vous rajeunissiez. Si vous dites que vous allez rajeunir, alors vos désirs vont changer.
Il y a quelque chose que je désire et dont je suis convaincu. Je crois qu'aujourd'hui même vous allez faire table rase des vieux enseignements que vous avez servis pendant huit mille ans. Vous allez renoncer à votre père et à votre mère et vous allez commencer avec l'Amour qui apporte tous les bienfaits. Ne jetez pas l'ancien mais mettez-le côté. Forcez votre vieux père et votre vieille mère à porter de l'eau. C'est ainsi qu'ils rajeuniront et qu'ils se mettront au travail.
Jusqu'à maintenant, le mal était à l'intérieur et le bien à l'extérieur. Faites le contraire : mettez le bien à l'intérieur et le mal à l'extérieur. Mettez vos désirs contraires à la nature à l'extérieur et les désirs naturels à l'intérieur.
Elevez votre conscience vers Dieu et dites : « Seigneur, sois béni pour l'intelligence, le cœur, l'âme et l'esprit que Tu nous a donnés. Désormais, nous allons travailler à Te connaître et à entrer dans la Vie éternelle. »
Que doit faire l'homme ? Se mouvoir, ne pas rester à la même place. Le soleil ne reste pas au même endroit. La terre ne reste pas au même endroit. La lune ne reste pas au même endroit. Et nous non plus nous ne devons pas rester au même endroit. Notre intelligence, notre cœur, notre âme et notre esprit doivent se mouvoir en permanence. C'est dans le mouvement raisonnable que réside l'Amour.
(Dimanche 10 octobre 1943, 10 heures, Sofia-lzgrev.)
1 Probablement, en cet automne 1943, un journal de Sofia avait publié une note critique sur le Maître et ses disciples.
2 Paganini (Niccolo), violoniste italien (1782-1840) célèbre pour son extraordinaire virtuosité.
3 En langue bulgare, offense se dit " obida " ; le " o " peut être si fermé qu'il est prononcé comme " ou ", ce qui donne le mot forgé ici de toutes pièces, " oubida " ; or il se trouve que le préfixe " ou " peut indiquer le mouvement.
|